Rue Lhomond

            

              Instrumentum laboris

Vestiges gallo-romains

Puits votifs et chapelle aux dieux Lares

Le 17 janvier 1979, la une du quotidien "Le Monde" est entièrement consacrée à la chute de Reza Pahlavi avec ce titre "Le départ du Chah d'Iran" cependant qu'en page 32 on trouve sous la signature d'André Jacob un article relatant la réunion de la "Commission du Vieux-Paris" sous la Présidence de M. Fleury qui intéresse notre propos et dont les deux derniers paragraphes sont reproduits ci-après :

Cliquez sur chacune des vignettes pour lire l'article du Monde et le rapport de la Commission du Vieux Paris

Il convient de rappeler que les vestiges ont été découverts à la veille de Noël, le 24 décembre 1978, et donc que l'instruction du dossier et sa mise à l'ordre du jour de la réunion du 15 janvier 1979 de la "Commission du Vieux-Paris" fut particulièrement diligente, marquant ainsi l'importance que portait l'inestimable - ombrageux - et regretté Michel  Fleury à cette découverte.

Ces vestiges, en très bon état de conservation, se composent, d'une part de 23 puits gallo-romains et d'autre part d'une pièce paraissant très ancienne que les services archéologiques entreprirent de dégager, estimant ensuite que l'ensemble devait remonter à l'époque gallo-romaine vers le deuxième siècle de notre ère.

La salle souterraine

En limite de parcelle, à cheval sous la voie publique au niveau du 3 rue Amyot, accessible par l'escalier décrit infra, se trouvait une salle en assez bon état puisqu'en subsistaient 3 côtés sur une hauteur qui avoisinait 2 m.

Une double niche et une simple s'ouvraient dans deux des parois ainsi qu'un fenestron muré dès l'antiquité dans la troisième muraille, la quatrième étant celle de l'escalier. La maçonnerie était soigneusement montée en petits moellons assez réguliers dont les joints étaient tirés au fer. Curieusement cette pièce ne possédait pas de plafond, mais était couverte de tuiles blanches et, manifestement, le fenestron n'était pas une lucarne de cave.

Un très bel escalier de 9 marches fut notamment mis à jour, conduisant à une salle basse sur un plan carré avec des murs bien dressés, construits à l'aide de petits moellons en pierre dure comportant des laraires, chapelles en niches réservées aux dieux Lares (dieux protecteurs du foyer domestique chez les Romains).

Les puits

A l'intérieur du terrain, l'îlot était véritablement foré, sauf du côté de la rue Amyot, de puits circulaires ou carrés, tantôt simplement creusés dans le sol, tantôt montés en pierre sèche, dont la profondeur s'étageait entre 9,70 m. et 6,00 m. environ sous le sol actuel. 23 d'entre eux étaient d'époque gallo-romaine, 2 d'époque moderne. Les puits antiques contenaient pour la plupart de la céramique et des ossements d'animaux, certains des pierres, des tuiles et des morceaux d'enduits. Ces puits, sans doute votifs, sont analogues à ceux découverts lors des fouilles du jardin du Luxembourg en 1972-73 et aussi aux 69 puits découverts dès 1756 lors de la construction de l'église des Spiritains toute proche.

Les fondations

Des fondations gallo-romaine ont été également observées sous la forme de moignons de murs au centre de l'ilot et en différents autres endroits.

Il n'est pas interdit de penser qu'il s'agissait d'une pièce, sans doute à usage cultuel, de l'époque de Lutèce remblayée au cours des âges sachant qu'à cet endroit de la Montagne Sainte-Geneviève le sol naturel se trouve à 5 mètres sous le niveau actuel. Des constructions de ce type ont été découvertes en région parisienne, mais jamais dans Paris.

Pour ceux qui voudrait approfondir ce sujet, il faut signaler deux publications :

/a/ En 1979 dans la revue du CNRS spécialisée dans la publication des "dossiers et des articles de synthèse sur les découvertes et les recherches dans le domaine de l'archéologie" une courte recension de la découverte par Michel Fleury ("Gallia" - Tome 37 - 1979 - Pages 333-334).

/b/ En 1985 d'un numéro entier, n°8, des "Cahiers de la Rotonde" (revue savante publiée sous l'égide de la "Commission du Vieux-Paris" et de son Président Michel Fleury) de 130 pages sous la direction d'Hélène Eristov et Solange de Vaugiraud: "Peintures murales de la Rue Amyot à Paris"