Rue Lhomond

            

              Instrumentum laboris

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47

Le père Spiritain Delaplace récupéra au début de 1861 ce bâtiment qui  était alors une pension de famille tenue par la mère de son ami, le père Dominicain Manuel. François Jean- Baptiste Delaplace, C.S.Sp., alors directeur de l’Oeuvre de la Sainte Famille, frappé par le triste état des familles réduites au chômage et aux misères de toutes sortes ainsi que par l’ignorance religieuse des enfants de cette classe déshéritée conçut le dessein de leur assurer les bienfaits d’une éducation chrétienne et fonda la congrégation des "Soeurs servantes du Saint-Coeur-de-Marie", qu’il installa donc à cette adresse.

Père Delaplace

Mère Marie du Saint-Sacrement

Afin de réaliser son projet, il fit appel à Jeanne-Marie Moisan dont il avait remarqué l’esprit de foi et le généreux dévouement, elle prit le nom de Mère Marie du Saint-Sacrement.

 Arrivant de son Montpellier natal dès l'âge de 14 ans le jeune Barthélémy-Urbain Bianchi  (1821-1898) fut élève, après le lycée, dans les ateliers Gamey avant, en 1840, de travailler à son compte et de s'installer ici, au 47. Cet "ingénieur- mécanicien" a conçu et construit avec beaucoup de soins des appareils relatifs à toutes les branches de la physique. Par exemple :

- Une machine pneumatique rotative à double effet, double épuisement, et à un seul corps de pompe oscillant, donnant le vide à 1 mm près, qui fut remarquée à l'Exposition universelle de 1855.

- Un appareil pour la détermination de la densité des poudres de guerre adopté en France, en Belgique, et en Suède pour les poudreries de l'Etat

- Un anémomètre perfectionné.

- Un appareil destiné à l'étude de la polarisation rotative.

- Une machine à diviser la ligne droite (!).

En 1901, la maison est transférée au 8 boulevard Edgar Quinet.

Le n°47 marque la fin de la première partie de la rue qui reprend après le carrefour directement au n°51.

L’aménagement du bas de la rue Lhomond avant la place Lucien Herr date du milieu des années 1920 quand furent ouvertes la rue Courcelles-Séneuil en 1923 (qui deviendra rue Pierre-Brossolette après la 2e guerre mondiale) et la rue Jean Calvin. Voir ICI le document sur le nivellement de la rue Lhomond au niveau de la place Lucien Herr.

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45

C’est un employé de l’atelier "45 Rollin 45 », spécialisé dans les instruments de chirurgie (Didot Bottin 1911), qui regarde l’objectif de Charles Lansiaux.

En 2020, les vases sont toujours là !

 Dans les années 1900-1910, on trouve au niveau du 47  un commerce de vins et liqueurs. Cet établissement peut s’apercevoir en amorce, à droite de la photo d’Eugène Atget montrée plus haut pour le 40 rue Lhomond.

Cliquer sur la vignette pour agrandir

 Cet emplacement se retrouve sur le plan parcellaire de la fin du XIXe siècle avant l’aménagement du carrefour Lhomond, Tournefort, Calvin, Brossolette. 

 La photo de cet établissement en 1913 peut-être rapprochée de celle contemporaine (2020), le bâti est identique, la rue, quant à elle, n’est plus au même niveau après l'aménagement du carrefour et le percement des rues.


On arrive ainsi au bout de la première partie de la rue qui rejoint et traverse la place Lucien-Herr pour reprendre de l'autre côté de cette place et descendre vers l'école d'agriculture.


 Bien que cette place Lucien Herr n'entre pas directement dans la zone couverte par ce site, on ne peut résister à signaler le considérable "projet artistique" et les oeuvres inoubliables qui auraient manqué à l'esthétique du quartier, voire même à la culture occidentale : la fontaine de Bernadette Gourrier et le "Cheval cabré" du sculpteur Camilo Otero (qui eut son atelier un peu plus bas dans la rue). Comme l'affirme Ben, "Tout est art".

 La place est surplombée par le restaurant "Chez Léna et Mimile". Claude Simon, futur Prix Nobel de littérature, y avait ses habitudes pendant l'Occupation (Mireille Calle-Gruber - "Claude Simon - Une vie à écrire", Editions du Seuil - 2011). Claude Simon habitait alors boulevard du Montparnasse avant d'habiter tout à côté, au 3 place Monge à partir de 1965.

Alfred-Ernest Peter, peintre suisse, ami de Ramuz, a immortalisé la place en 1961 (gauche), alors que le dessinateur Abeillé avait fait de même en 1895 avant l'aménagement de la place (droite).

 Quant à l'ineffable très socialiste Lucien Herr, bibliothécaire de l'Ecole Normale Supérieure qui avait refait dans les années 30 le classement des livres "dont les intellectuels de gauche ont fabriqué un grand homme, et qui fut, en réalité, d'après le portrait qu'en trace Andler(*), une sorte de raté obtus, mais influent. Il avait soigneusement banni les auteurs modernes non orthodoxes de ses rayons, et Barrès n'était représenté que par des morceaux choisis en italien. Quant à Pascal, il était classé parmi les romanciers." (in "Notre avant-guerre" - Robert Brasillach - Page 93 du tome VI des oeuvres complètes parues au Club de l'Honnête Homme en 1963).

(*) Charles Andler - "Vie de Lucien Herr" - Editions Rieder - 1932 (C. Andler, disciple d'Engels, traducteur du "Manifeste du Parti Communiste", professeur au Collège de France, fonda en 1899 avec L. Herr l'"Ecole Socialiste à Paris" dont le but était de propager les thèses du mouvement socialiste).

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41

Du 41 au 50

Dominant la place, se trouve l’imposant bâtiment dite Résidence Concordia gérée par le CROUS de Paris. Les services de cet établissement public (Centre régional des œuvres universitaires et scolaires de Paris), destinés aux 352 588 étudiants de l’académie (2019) sont, entre autres, environ 5,5 millions de repas distribués par an, près de 7 730 étudiants logés et plus de 61 930 bourses accordées. Parmi les 79 résidences universitaires, il y a la Résidence Concordia, inaugurée en 1912 sous l’égide de l'"Union parisienne des institutions féminines chrétiennes" comme Cercle Concordia par la femme de Jules Siegfried, fondateur de la Société des cités ouvrières, du Cercle Franklin, des Bains et lavoirs publics. C’est une philanthrope américaine richissime, Mary Emery, qui avait anonymement fait don de 250,000 $ pour construire, à partir de 1907, un foyer de jeunes travailleuses de 120 places. Ce n’est que longtemps après sa mort en 1927 que le nom de la généreuse donatrice fut révélé.

Façade du Cercle Concordia, avant l'aménagement de la place Lucien Herr (à droite) et après (à gauche)

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50

Dans les premières années du XXe siècle, le futur grand philosophe chrétien Jacques Maritain (1882-1973), alors étudiant à la Sorbonne où il rencontra sa future  femme, Raïssa Oumançoff, juive ukrainienne, prit en faveur des étudiants russes ses premières positions publiques et politiques. C’est à cette occasion qu’il fit la connaissance d’Ilya Roubanovitch, terroriste russe pro-vévolutionnaire (ayant fait partie du groupe ‘Narodnaya Volya ‘ responsable de l’assassinat du grand réformateur et libéral, pour l’époque, tsar Alexandre II) réfugié à Paris et fondateur de la Tribune Russe, domiciliée au 50 rue Lhomond, dont Jacques Maritain fut le secrétaire de rédaction pendant 2 ans.

▶ Pendant un temps l'atelier de Pierre Morain (1821-1893), se trouva à cette adresse. Ce fils de sabotier, destiné à prendre la suite de son père, sort de sa province du Maine et Loire grâce au service militaire qu'il effectue à Paris. Parallèlement, il suit des cours à l'Ecole des beaux-arts et devient l'ami de Charles Lorilleux dont le père, créateur de l'industrie des encres d'imprimerie, fut son mécène, lui permettant de continuer sa formation.


Pierre Morain, sera connu d'abord pour ses copies de tableaux religieux, puis par ses innombrables natures mortes qui firent sont succès.